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"Les gens sont confinés mais ils ont envie d’aider" : 5 questions à Paul-Antoine Solier (Fédération Française de l'Apéritif)

Sophie Lecomte
2 avril 2020
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La Fédération Française de l’Apéritif, c’est 3 supérettes apéritives installées à Paris et à Lille, avec un concept fort : “faire toutes ses courses pour l’apéritif en un seul et même lieu”, avec des produits sélectionnés dans toute la France, achetés directement aux producteurs.

On a demandé à l’un de ses fondateurs, Paul, de nous parler de la manière dont la FFA vit cette crise du Covid-19 et parvient malgré tout à fédérer toute une communauté engagée sur ses réseaux sociaux (lors d’un apéritif vidéo géant notamment), à maintenir son activité locale et à mettre en place le Click and Collect… tout en s’engageant pour les hôpitaux via l’opération “Un sandwich, un soignant”.

1) Quelle a été votre réaction suite à l’annonce de la fermeture des bars et restaurants ? A quel moment avez-vous décidé de poursuivre l’activité, et pourquoi ?

On a été forcément un peu abasourdis, surtout quand on s‘est retrouvés tous les 3 (fondateurs ndlr) le lundi suivant face aux frigos à vider : enlever les produits périssables, tout nettoyer… on se regardait en se disant :  “qu’est-ce qu’on va faire? C’est tellement bizarre”.

Notre 1er réflexe a été de tout fermer complètement. On voulait jouer le jeu tout de suite, respecter les règles à fond, donc on s’est dit : “on ferme, on voit, on prend le temps de comprendre les règles et si à un moment donné, on trouve une solution pour que nos clients puissent quand même commander et reprendre un minimum d’activité, on le fera”.

La première semaine nous avons donc attendu, le temps de bien saisir les mesures, de prendre en compte les annonces politiques et de voir comment ça s’organisait pour les commerçants et les restaurateurs. On voulait bien comprendre, voir comment adapter l’outil, communiquer… et surtout savoir qu’on pouvait le faire en toute sécurité.

Dès la 2e semaine, une fois que les règles ont été claires, on s’est dit “tiens, on a déjà l’outil Innovorder que nous utilisons d’habitude pour la livraison, c’est le moment de mettre en place du Click and Collect”, que l’on n’avait pas forcément déployé jusque-là. Nous sommes un commerce de quartier, donc généralement les gens passent directement à la boutique. Mais en temps de crise sanitaire, c’est un super outil pour nous !

Nous faisons tout à 3, car l’équipe est en chômage partiel. Nous avons ouvert de nouveau nos deux boutiques parisiennes, mais on a maintenu celle de Lille fermée pour ne pas faire prendre de risques au staff.

Depuis qu’on a lancé ça, nos clients ont répondu à l’appel, soit pour nous aider, soit parce que nos produits leur manquaient. Beaucoup d’entre eux passent par le Click and Collect et viennent récupérer leurs produits en personne. Pour les autres, on s’occupe de la livraison : Stuart gère une petite partie des commandes. Mais comme il s’agit avant tout d’un commerce de quartier, nous faisons la plupart des livraisons nous-mêmes… souvent à 2 rues, en réalité ! Deliveroo nous envoie aussi des commandes entrantes.

2) Qu’est-ce qui marche le mieux aujourd’hui ?

On trouve qu’on a beaucoup de commandes de vins. Il doit y avoir une pénurie, ou alors beaucoup de cavistes ont fermé.

Globalement, le ticket moyen est plus élevé car les clients limitent leurs déplacements et font donc un peu de réserves. Après, ils n’arrivent pas non plus avec un caddie, ils sont raisonnables…

On vend aussi beaucoup plus de planches mixtes à emporter, charcuteries et fromages que l’on place dans un petit packaging conçu par nos soins.

Je trouve que là aussi, on en fait plus qu’avant : sans doute encore parce que de nombreux commerces de quartier ont dû fermer, et qu’il n’est pas forcément facile de trouver de la bonne viande par exemple.

3) Quels sont tes conseils pour ceux qui voudraient maximiser leur commande en ligne dans le contexte, et surtout maintenir le lien avec les clients comme la Fédération Française de l’Apéritif le fait très activement ?

Nous avons la chance d’avoir une communauté très importante, donc on a une grosse force de frappe : on est plus de 130000 sur Facebook, près de 20000 sur Instagram, on a mis en place un fichier de fidélisation clients depuis longtemps…

Mon conseil serait d’utiliser les réseaux sociaux et la fidélisation si les commerçants ou restaurateurs en ont. S’ils n’en ont pas, il ne faut pas oublier que c’est malgré tout aux clients des quartiers que l’on s’adresse : donc même si la boutique est fermée, autant communiquer. Moi par exemple, j’ai installé un petit panneau devant : “pain, fromages, charcuteries, vins, bières”… c’est déjà un repère visuel, car les gens sortent quand même pour se rendre dans les boulangeries et supermarchés. Finalement, ils voient qu’il y a un peu d’activité, et même si ça n’est pas instantané… ça revient !

4) Tu vois comment “l’après”, en termes de business ?

Nous, on est à la fois épicerie et bar. Je pense que les gens vont être comme des fous en sortant du confinement, vont vouloir s’inviter beaucoup, sortir beaucoup… idem en entreprises : on fait beaucoup de traiteur et les personnes vont faire des pots. Après tout même en plein confinement, l’apéritif se décline en vidéo !

Je pense qu’il y va y avoir un vrai rattrapage et que la reprise va être très forte, car on aura privé les gens de convivialité pendant X ou Y semaines. Ca va correspondre au retour des beaux jours, les terrasses vont se remplir, les gens vont vouloir revoir leurs potes, s’inviter… nous allons avoir du boulot.

Après, au-delà du business, je vais te dire : il faut la jouer collectif, le monde entier est bloqué, ça concerne tout le monde, ce n’est pas un coup de malchance qui tombe juste sur toi. C’est une pandémie mondiale, donc tu ne le prends pas en pleurant : tu penses à la santé, à respecter les règles, tu penses aux soignants. Tout à l’heure une cliente est venue : c’est une infirmière. On pense à celles et ceux qui prennent des risques pour nous… C’est pour ça d’ailleurs qu’on a lancé notre opération pour les soignants.

5) Tu peux nous en dire plus sur l’opération “Un sandwich, un soignant” de la Fédération Française de l’Apéritif ?

Pour le tarif spécial de 2 euros, nos clients qui commandent en ligne peuvent offrir un sandwich à un soignant, parce que bien souvent ils ont pas le temps de manger, ou bien les cantines des hôpitaux ont fermé, et bien sûr tous les restaurants autour sont fermés. Du coup ils finissent par peu ou mal manger.

On n’est vraiment pas les seuls à faire ce genre d’opérations solidaires, bien sûr, mais on a créé ce petit module sur l’outil Innovorder et pour 2 euros, on prépare et on livre. En quelques jours seulement, nos clients viennent d’en financer 115 ! Ce matin on a fait une première salve et livré l’équivalent des besoins d’un service. On va continuer tant que tout cela dure.

Là, c’était pour l’hôpital Bichat, mais la Pitié-Salpêtrière en a besoin aussi donc on en renvoie la semaine prochaine. Parfois les clients les commandent par plusieurs, par 5 ou 10. Les gens sont confinés mais ils ont envie d’aider. Ca aide aussi les producteurs, la chaîne, le boulanger à qui je commande soudain 30 baguettes le matin…

Site Internet de la Fédération Française de l’Apéritif

(c) photographies : FFA[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]

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